Compléments alimentaires à base de plantes

Marie-Paule Vellutini ancienne

Evocation de Marie-Paule Vellutini par son neveu et filleul, Jean-Paul Vellutini.

Marie-Paule Vellutini a été la propriétaire et gérante des Laboratoires Gabriel Lesourd, du nom de leur fondateur, des années 1950 jusqu’à son décès début 2020.

Marie-Paule Vellutini est la fille de Jean Antoine, le bûcheron-muletier de Petreto-Bicchisano, un petit village dans les montagnes de Corse du Sud où elle verra le jour et passera son enfance et de Julie, née Andreani, originaire d’un autre petit village du Sud de l’Ile, Loretto di Tallano.

Paulette, Marie-Paule ou Pauline-Marie avait, avec humour, brouillé les pistes, de Petreto-Bicchisano à Paris en passant par Noirmoutier ; même son filleul a dû attendre de tenir sa carte d’identité à la main pour savoir ce qu’était son prénom de baptême. Sa mère lui dit très tôt qu’elle ne s’affranchirait d’une vie de corvées qu’à la condition d’étudier. La vie avant la seconde guerre mondiale dans les petits villages corses était rude. Ils avaient une vocation essentiellement sylvestre, agricole et pastorale. Son père approvisionnait en bois de nombreux foyers de la vallée du Taravo tandis que sa mère tenait une épicerie au rez-de-chaussée de leur maison de granit sur la route qui mène d’Ajaccio à Propriano puis à Porto-Vecchio et Bonifacio. Marie-Paule devint déterminée et sa vie durant elle suivit son chemin sans que personne ne puisse l’en détourner.

La jeune bachelière de vingt ans débarque à Paris de sa Corse natale pour faire ses études de pharmacie. Elle a l’élégance de sa tenue modeste et cette jolie brune aux yeux noirs, menue mais altière, fait tourner la tête des étudiants. Rien ne la détourne de son but. Paris n’accueille pas la fille du muletier ; c’est elle qui la conquiert, de la plus belle façon, sans rien devoir à quiconque, par son intelligence, sa perspicacité et sa ténacité. Elle l’aime aussi, passionnément ; elle parle du village dans les salons parisiens et de la capitale dans les hameaux corses.

Marie-Paule Vellutini
gabriel lesourd

La puissance des grands pontes de la médecine ou de la pharmacie n’impressionne pas Marie-Paule. Docteur en pharmacie en 1954, dès après ses stages elle préfère la fabrication à l’officine. Marie-Paule ne veut pas être un pharmacien à qui l’après-guerre interdit progressivement d’exprimer sa science de préparateur ; elle veut créer, contribuer à faire des plantes de redoutables outils de jouvence et de soulagement. Je suis certain que son enfance villageoise n’est pas étrangère à son amour des simples et au talent qu’elle a eu pour les associer, poursuivant l’œuvre du Docteur Lesourd. Elle perpétue la grande tradition de leur usage initié depuis la nuit des temps et que les moines et les moniales du Moyen-Age et avant eux les fameux médecins du Moyen-Orient avaient érigé en art. Ses préparations fonctionnent car elles sont l’association des plantes et de leurs vertus thérapeutiques et de l’affect qu’elle y met, penchée sur ses grands chaudrons en cuivre d’où se dégagent des effluves odorants. Elles ait l’importance de la transmission de ce savoir-faire des apothicaires qui œuvraient depuis l’antiquité à confectionner des décoctions à base de plantes en y mêlant parfois des incantations religieuses qu’elle remplace par la science acquise à la faculté. Sa ferveur religieuse est d’ailleurs aussi profonde que son esprit d’entreprise.

En travaillant avec Gabriel Lesourd, un pharmacien très reconnu dans les années trente et quarante, elle conjugue la vertu intrinsèque des plantes, leur manipulation et leur combinaison. Il semble que nous retrouvions aujourd’hui les bienfaits de ces médicaments. Elle s’est toujours inscrite dans une vision de modernité bien réelle mais ancrée dans la perpétuation de traditions et de savoir-faire qui ont fait leur preuve. Elle a côtoyé de grands Professeurs, elle la petite Paulette de Petreto-Bicchisano et je crois qu’ils respectaient ses convictions, ses compétences et son courage.

Elle est restée jeune jusqu’à quatre-vingt-treize ans par son humour, sa capacité à se moquer d’elle et des autres avec finesse et justesse, par sa dévotion de petite fille au Seigneur Jésus. A quatre-vingt-dix ans passés elle continuait de passer ses commandes de lotier corniculé, de mélilot, de fluide de fumeterre, de boldo, de sauge et de teinture de fenouil. Mais l’ingrédient essentiel de ses préparations au-delà des plantes et de la science reste selon moi sa sincérité dans cette démarche de soigner.  Elle aurait pu, courtisée comme elle l’a été par de grands laboratoires, vendre ses formules au plus offrant. D’ailleurs lorsqu’un grand Laboratoire pharmaceutique français la contacta à la fin des années 1990 pour lui proposer de lui racheter ses chers produits qui à l’époque avaient pour certains le statut de médicament, elle écouta avec modestie et respect la proposition de son Président mais refusa de compromettre son indépendance. Elle voulait que son engagement demeure authentique et vrai. Tous ces noms résonnent comme une poésie de phytothérapie couronnée d’enfance corse : AntinerveuxLesourd, Splenocarbine, Bolcitol, Phitemag, Artritisane, Anthylline, Colitisane, Gastrotisane et Laxatisane. Je crois que son sentiment pour ses produits confinait à l’affection et qu’elle les regardait avec un œil aussi expert que maternel. Son destin professionnel, sa dévotion à ce grand Docteur de l’église, la petite Sainte Thérèse, sa vocation de femme libre, son amour des montagnes et des plages corses comme de la Butte Montmartre font d’elle à mes yeux un être exceptionnel et contribuer très modestement à cette transmission du savoir en poursuivant l’activité des Laboratoires Lesourd nous a est apparu à mon frère, Pierre, et à moi comme une évidence.